Très chère Kathy,
Peut-être aviez-vous en tête, en écrivant Le 8 et la Déesse ces vers qui ouvrent le recueil de Patrice de La Tour du Pin La quête de joie :
“Tous les pays qui n’ont plus de légende
Seront condamnés à mourir de froid…»
C’est, malheureusement, le cas du monde matériel et sec dans lequel il nous est donné de vivre.
Car ce qui caractérise notre époque, la technologie et le progrès, ne sont pas des légendes : la technologie aboutit au gadget, le progrès à Tchernobyl, et tant l’un que l’autre nous apportent le froid de l’âme.
Avec votre conte, vous redonnez sa force au rêve qui devient créatif lorsqu’il se change en songe et fait apparaître le lien qui unit l’univers et l’homme. Vous en donnez la clef avec le 8 car, écrivez-vous, “dans la nature l’air se déplace en boucles [qui] se prolongent, se rejoignent… jusqu’à dessiner un grand huit à l’horizon entre le ciel et la terre [établissant ainsi] une communication invisible entre toute chose et tout être” (p. 64).
On décèle ici la filiation platonicienne de l’Anima mundi présentée par Platon dans le Timée et la pythagoricienne de la “tetraktys” nombre sacré qui additionnait les quatre premiers nombres figurés dans un triangle équilatéral.
On connaît cette quête de l’unité primordiale que certains cherchent dans la religion, d’autres dans l’histoire, d’autres encore dans le big-bang… Mais, ne se manifesterait-elle pas dans chacune des parcelles de la nature ? C’est le symbole du miroir éclaté de Giordano Bruno dont chacun des fragments, pour petit qu’il soit, reflète le ciel.
Mais attention ! Révéler la clef de l’univers est risqué. Le néoplatonicien Jamblique, dans sa “Vie de Pythagore”, rapporte que “Certains disent que la divinité s’est vengée de ceux qui ont divulgué les enseignements de Pythagore : c’est ainsi que celui qui avait révélé la construction de la figure à vingt angles périt en mer, pour avoir commis un acte d’impiété.”
En fait, cette construction revenait à inscrire un dodécaèdre, l’un de ce que l’on appelle les solides parfaits, dans une sphère or, comme chacun sait, le cercle est l’apanage des dieux tandis que le carré est celui des hommes, d’où le problème insoluble du Moyen Âge de la quadrature du cercle, qui consiste à faire coïncider exactement le carré humain et le cercle divin, problème que Michel ange résoudra avec l’homme de Vitruve aux proportions, il faut bien l’avouer, bien particulières.
Espérons que ce conte mystérieux traversera le temps suspendu que chaque lecteur portera symboliquement autour du cou avec ce sablier en forme de huit gravé sur la tablette de son propre mystère, tel que le présente la fin de votre conte.
Et permettez-moi de vous remercier de m’avoir enrichi de votre imagination fertile et de votre sensibilité créatrice, qui ont porté en moi l’écho qu’elles sauront éveiller chez tous vos lecteurs.
Je vous embrasse très affectueusement,
Jean-François MAURY
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Les 16, 17 et 18 décembre de 10 h à 19 h, Kathy Dauthuille vous rencontrera à l’espace POP-UP STORE MME PRESSE au 1er étage du MONOPRIX à Arles (13) ; vous y trouverez ses ouvrages et notamment son dernier livre “Le 8 et la Déesse” lié aux Alpilles, nouveauté des Editions du Puits de Roulle 2022.
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* Kathy Dauthuille est auteur de nombreux ouvrages dont deux publiés aux Éditions du Puits de Roulle : Les Voyageurs au sang d’or (roman) et Tisserand du soleil, conte illustré par Florence Saptille.
Le 8 et la Déesse, conte de Kathy Dauthuille, illustré par Alain Brechbuhl. Format A5. ISBN : 978-2-36782-088-0. 96 pages. Pour toute commande, cliquer ici.
Très belle journée à toutes et à tous,
Anti